Monthly Archives: February 2006

liens, numéro six – the cutting edge or vintage computing issue

Superstar (Song for Karen)

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The Carpenters, monument de la pop culture américaine, ont connu un succès planétaire dans les années 70.

Tous deux beaux et lisses comme des photographies, ils ont touché droit au coeur l’Amérique alors en pleine agitation sociale, empétrée au Viêt-nam, en s’en abstrayant : pas de rock’n’roll, pas de guitare brisée, pas de protestation, pas de féminisme, juste des sourires familiaux et de la musique sucrée.

Richard est un musicien surdoué, pianiste virtuose et arrangeur hors pair. Karen, de 3 ans sa cadette, apprend la batterie avant de découvrir que c’est sa voix qui la rendra célèbre : une voix merveilleuse à laquelle les plus grands offriront des chansons, comme Burt Bacharach qui suggèrera aux Carpenters d’interpréter le tube (They Long to be) Close to you, leur premier numéro un au Billboard en 1970.

D’autres suivront, ainsi que d’innombrables concerts et disques d’or. Karen mourra malheureusement en février 1983 à 32 ans, des suites d’une attaque cardiaque, après des années de lutte contre l’anorexie.

Reste sa voix magnifique. De la mélancolie s’y cache, que l’on peut déceler dans certains titres des Carpenters comme Superstar, sorti en single en 1971, que je vous propose d’écouter.

Richard découvrit ce morceau en voyant Bette Midler le chanter à la télévision (voir cet article dans Blender), et Karen fut d’abord réticente à l’interpréter, pourtant au-delà de ce superbe chant, des arrangements réussis, des cuivres et des cordes, il y a ces paroles miroir, du fan à l’idole : “But you’re not really here, It’s just the radio” et surtout un vers que personne ne peut déclamer mieux qu’elle, “Loneliness is a such a sad affair”.

Car derrière le vernis du succès, on peut s’interroger sur la complexe relation entre sa maladie, sa position cachée derrière la batterie, la pression médiatique, sociale et familiale, l’image scintillante et sans faille du groupe. Qu’est-ce qui cause quoi, à qui Karen veut-elle plaire ?

Les New-Yorkais de Sonic Youth ont bien saisi le côté triste et ambivalent de Karen Carpenter, à qui ils ont rendu un hommage explicite sur l’album Goo en 1990 avec la chanson Tunic (Song for Karen). Selon Kim Gordon, qui la compare à Mariah Carey dans une interview pour VH1 :

[Mariah] and Karen Carpenter are both about the body. Karen was trying to get rid of hers. […] I’m sure they’re similar A-type personalities – driven perfectionists who just want to please people so much. Karen’s voice showed a lot of vulnerability – more so than Mariah. She made the words she was singing her own. That’s a scary thing to do when you’re standing in a media spotlight. You lose a sense of your identity. It’s a narcissist thing.

Dans Tunic, Kim devient Karen après sa mort, évoque la pression, et la contradiction entre sa timidité qui la rend minuscule, et le regard des autres dans lequel elle se sent énorme. Enfin tranquille avec Elvis, Dennis Wilson et Janis Joplin, elle forme un groupe là-bas, le sien, dans lequel elle est batteuse. Je vous propose la version démo de Tunic que l’on trouve sur la réédition de Goo sortie en 2005. Pendant le noisy-pont, on entend dans le lointain Kim et J. Mascis chanter des vieux tubes des Carpenter.

Il existe un biopic plutôt pas terrible sur la vie de Karen Carpenter, réalisé pour la télé américaine sous la supervision de Richard en 1989, et rediffusé chaque année au mois de février, funeste anniversaire. Mais j’imagine que le film le plus intéressant sur elle est aussi le moins facile à visionner : Todd Haynes (Velvet Goldmine, Loin du Paradis) a réalisé en 1987 Superstar : The Karen Carpenter Story, un court film sur le groupe, tourné avec des poupées Barbie et Ken. N’ayant pas obtenu les licences des chansons, ce film fut interdit par Richard Carpenter, dont il offrirait un portrait peu flatteur. On peut apparemment se le procurer et même le télécharger avec un petit coup de Google.

Pour boucler la boucle, signalons que les Sonic Youth ont participé (en la très bonne compagnie de Shonen Knife, American Music Club ou Grant Lee Buffalo, entre autres) à la compilation If I Were a Carpenter sortie en 1994 sur laquelle ils reprennent Superstar. On peut en trouver un MP3 caché quelque part dans cette maxi-page.

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Crédit photo Karen on the drums : Chris Walter

Publié sur La Blogothèque

liens, numéro cinq

vive la feist

en complément à mon billet sur feist

liens, numéro quatre

feist et jason collett – live au paradise – 11 février 2006

j’avais hâte de revoir feist vu comme ça m’avait retourné la dernière fois. c’était même encore mieux.
la première partie était assurée par jason collett, feist est venue chanter un duo avec lui, puis jouer de la batterie.
pendant son set à elle, il est venu jouer du piano, et on a pu profiter de son profil gauche, son meilleur selon lui. la preuve en image.
feist and jason collett - boston - paradise - feb 11th 2006

ce concert était exceptionnel, si l’occasion se présente allez voir feist, elle est formidable.

ambiance: le tube mushaboom, avec des clap your hands say han han par le public

c’était l’anniversaire de leslie feist (ses 30 ans), et aussi le dernier concert de la tournée, elle donc eu droit à un gâteau. la dernière chanson qu’elle a joué avant d’être trentenaire était la très appropriée let it die.
elle part en allemagne la semaine prochaine (enfin si c’est possible de quitter boston suite au blizzard) pour commencer l’enregistrement du prochain album.
feist's birthday cake - boston - paradise - feb 11th 2006

si vous n’êtes pas encore convaincu je vous suggère d’aller faire un tour voir ça sur youtube, c’est secret heart, filmé quelques jours avant à chicago.